La planète fourmille de criminels
qui fuient leur châtiment.

« Vous ne vous sentez plus en sécurité chez vous ? Vous avez peur de vous faire agresser en sortant de chez vous ? Vous avez l’impression que le gouvernement se moque de vous ? Ne vous souciez plus de cela, car les dirigeants des pays se sont rassemblés pour une réunion extraordinaire pour discuter de l’avenir du système pénitentiaire … »

Depuis que le laxisme se développe dans les politiques, le taux de la criminalité augmente. Suppression de la peine de mort, circonstances atténuantes, aides à la réinsertion, tout cela fait que les criminels se baladent librement dans les villes, peu ou pas suivis psychologiquement, pouvant recommencer à n’importe quel moment. De plus les prisons sont bondées, trop remplies, et les chefs d’Etats rechignent à en construire de nouvelles. Dans un monde où tout le monde se promène avec une arme à la main, que ce soit pour tuer ou se défendre, les hommes vivent dans la peur d’être la cible d’un des trop nombreux meurtriers en cavale, ou libres et blanchis par un système judiciaire pas vraiment au point, et un peu trop corrompu. Voilà pourquoi, sous la pression constante et permanente de différentes associations, les chefs d’Etats décident un jour de se rencontrer pour parler du système pénitentiaire, et de la question existentielle que tout le monde se pose. Et ces prisonniers qu’on relâche parce qu’on ne peut pas les mettre dans les prisons déjà pleines, on en fait quoi ? Finalement, après de nombreuses négociations politiques, la solution fut trouvée. On les envoie ailleurs, tout simplement, on s’en débarrasse quoi. Mais quel pays accepterait de garder en son sein tous les criminels de la planète ? Aucun, bien sûr. Sauf un pays vidé de ses habitants. Comme par exemple l’ile de Pâques, vidée en catastrophe de ses habitants pour échapper à un nuage nucléaire, qui n’y retournèrent pas car leur ile avait été désignée comme polluée, dangereuse, non-habitable. Rapidement, le pacte fut signé, tout le monde acceptant d’envoyer les criminels sur une ile dangereuse pour s’en débarrasser.

Vint le moment où la souffrance des autres
ne leur suffit plus ; il la leur fallut en spectacle.

« Votre train-train quotidien vous rend morose ? La téléréalité banale vous épuise ? Vous en avez assez de la Maison des Secrets ou des sauvages de Koh-Lanta ? Ne désespérez plus ! Bientôt une nouvelle émission verra le jour, le Projet Huligan ! Vous vous souvenez de l’ile de Pâques ? Vous aimeriez voir du sang, de la violence, du morbide ? Que diriez-vous de voir des tueurs s’entretuer ? Alors, chers téléspectateurs, rendez-vous tous les soirs à 19h30 pour deux heures de show ! »

Après la signature de ce projet, les chefs d’Etats donnèrent l’ordre de vider les prisons, envoyant tout le monde sur l’ile de Pâques. Nombreux sont ceux qui moururent, pas habitués au climat hostile dû au nuage nucléaire. Une chaleur étouffante en été, une fraîcheur meurtrière en hiver, des pluies diluviennes, un air pollué … Les plus résistants réussirent à survivre, prenant peu à peu possession des locaux abandonnés, recommençant à lutter pour leur survie. Avec leurs poings ou les armes qu’ils trouvaient en fouinant la zone. Les gouvernements, eux, gardaient un œil sur l’ile, continuant d’envoyer des criminels par navires. Bientôt, aller sur l’ile de Pâques fut synonyme d’aller simple pour l’enfer. Mais, la morosité des gens normaux ayant tendance à prendre le pas sur tout, la télévision trouva le moyen de réutiliser cette ile et ses prisonniers. Après des années de négociations sévères avec les dirigeants de pays, des chaînes de télévisions du monde entier réussirent à obtenir le droit de filmer l’ile, d’implanter des caméras de partout, de lancer un show sanglant, et de le diffuser à la télévision. A la grande surprise des chefs d’Etats, l’idée marcha du tonnerre, l’émission devint un véritable succès, faisant péter l’Audimat dans toute sa splendeur. Tant et si bien qu’il y eut tellement de caméras sur cette ile que les prisonniers comprirent qu’ils étaient devenus des bêtes de foire, et qu’on les filmait. Puis, peu à peu, les téléspectateurs demandant de la violence, les chaînes de télévisions réussirent à implanter d’autres personnes dans l’ile. Des gens qui y allaient pour faire monter l’Audimat, pour le massacre, pour l’argent, pour être blanchis, pour diverses raisons, se fondant parmi les prisonniers pour mieux les assassiner. Que le spectacle commence …