“ ME TOUCHEZ PAS, ESPÈCES DE .. !”
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Felicy leva les yeux, jetant un rapide coup d’œil à sa pendule murale. Ouais, dix-huit heures. Avec cette merdique interdiction aux voitures pour franchir le mur, elle n’aurait pas le temps de faire l’aller retour dans Berlin-Ouest, sachant qu’elle avait besoin de faire des courses. Pfuh, tant pis. Elle ne crèverait pas parce qu’elle allait chercher de quoi survivre, tout de même !? Elle siffla November, bien que sachant pertinemment qu’il n’aurait pas le droit d’entrer dans le magasin. Bouh, pauvre « petit » toutou, moi je voulais t’emmener é_è. Felicy décida donc d’aller faire ses courses, aussi elle prit son cabas à roulette, son tablier, son petit porte-monnaie et .. T’as fumé quoi, boulet !? Felicy se jeta un rapide coup d’œil dans le miroir, réajusta d’une main machinale sa coiffure. Une mèche, rouge sang, lui tombait dans l’œil, et elle détestait ça. Ouih, elle aimait sa mèche, mais rien de plus exaspérant que d’avoir cette dernière devant les yeux, mais un truc de fou. Elle jeta aussi un rapide coup d’œil à ses vêtements. Bien, elle restait dans son look habituel, soit celui des punks. Elle s’était rapidement maquillée (du fard à paupière rouge, un trait d’eye-liner et du rouge à lèvres couleur sang) et avait passé des collants de résille déchirée. Par-dessus, elle portait une robe d’un rose bonbon des plus outrageux, ainsi que des mitaines et moult bracelets à piques. Elle avait aussi un collier, à savoir une simple chaîne au bout de laquelle pendait un médiator. Niveau godasse, elle portait, comme habituellement, des Doc Martens noires aux lacets rouges. Et accrochés à tout ça, des chaînes et des badges par millier. Elle récupéra aussi son sac, noir et gris, couvert de badges et chaînes lui aussi, et y fourra du pognon, son révolver et .. sa liste de courses, que croyez vous ! Être une Désaxée ne signifie pas être dotée de la science infuse, c’était d’ailleurs bien le contraire pour le Tyran. Felicy récupéra aussi son portable, y jetant un rapide coup d’œil. N’ooh, un message de Saul-chou. Elle le lut rapidement, un demi-sourire sur les lèvres. Et y répondit, tout aussi rapidement. Tu vas pas me faire rater mes courses, toi ! November sur les talons, Felicy quitta sa maisoon, puis se dirigea rapidement vers le mur. Avec un peu de chance .. Non, ne surtout pas compter sur la chance, par ici. Si tout se passait bien, donc, elle aurait sûrement le droit de passer.
Si tout se passait bien.

Et tout ne se passa pas bien.

Arrivant au mur, elle passa devant les vigiles, qui l’arrêtèrent d’un cri. Quoi, il est dix-huit heures, bâtards, j’ai le droit de passer ! L’un d’eux attrapa son bras, dégagea le bracelet rouge qui s’était pris sous sa mitaine. Mais oui, et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier alu ? C’est plutôt que Felicy haïssait ce bracelet, et qu’elle l’avait volontairement caché, mais passons. Elle les laissa faire, avec un calme qui la stupéfia elle-même. Dire qu’elle détestait le contact humain .. ! Le second vigile se saisit de son sac, l’ouvrit et découvrit l’arme avec un grognement. Il le montra à son collègue puis se tourna vers Felicy, un air faussement désolé sur le visage :


« Désolé, madame ..
- Mademoiselle.
- Désolé, mademoiselle, donc, mais nous allons devoir vous fouiller .. Si vous vous laisser faire, tout se passera à merveille .. »

Elle écarquilla les yeux. Ah ouais, rien que ça. On ne sait plus quoi inventer pour vous faire chier, maintenant. Ebahie, elle se laissa faire sans manifester de résistance, tout d’abord. Frémit lorsque les mains du premier vigile effleurèrent ses seins. Tu te prends pour quoi, connard !? Retint un cri de rage lorsqu’elles caressèrent ses hanches. Elle se contracta. Elle détestait cela. Et là .. L’homme se serra contre elle, sous prétexte de devoir fouiller ses poches avant. Mais fais le tour, bâtard ! Felicy se retourna violemment et lui fit une clé de bras, crachant avec fureur :


« La fouille pour mieux tripoter les gonzesses, je connaissais pas encore, tiens ! Tu me retouches, tu crèves, sale bâtard !
- Tu me causes sur un autre ton, pauvre catin ! » lui répondit du tac-au-tac l’homme.

L’homme qui se prit une baffe dans la gueule. Elle allait lui donner un grand coup de genou dans ses parties génitales lorsque le second vigile l’empoigna, lui tenant les poignets dans le dos. Elle eut un cri de rage, et commença à donner des coups de pieds dans tous les sens. Mais rien. Le second s’approcha d’elle, sortant sa matraque avec un sourire malsain.


« Noon, vous allez quand même pas me violer ici ? Vous baissez encore plus dans mon estime, bande de .. »

Il lui ficha une baffe. Ouih, bon, elle était mal barrée là. Alors .. Alors elle jeta un regard circulaire, angoissée, pour tenter de repérer quiconque pourrait l’aider.

Alors que la journée commençait doucement à tomber, et que l'air se rafraichissait, et le temps s'humidifiait, Eva sortit de sa petite cabane de bois. Elle avait dormi une bonne partie de la journée, car hier elle avait fait la fête toute la nuit, avec ses potes d'enfance, enfin, de lycée. De très mauvaise humeur car elle possédait un mal de crâne atroce, et une mine d'enfer, elle sentait les effets d'un trop plein d'alcool peser sur sa conscience. La prochaine fois, s'il y avait une prochaine fois, elle compterai ses verres et s'arrêtera au cinquième, grand max. Elle avait ouvert les yeux vers 16h, avait pesté contre son réveil qui n'avait, encore une fois, pas sonné, et s'était levé.
Après s'être douchée, Eva s'était habillé de son haut gris clair, avec son mini short gris foncé. Optant pour des petites bottines marrons à talons, et prenant son sac turquoise elle sortit de sa cabane.

"- Il se fait tard dis donc, déjà 17heures."lui fit remarquer un gitan qui passait près de là. Enervée, Eva trancha avec colère:

"-Oui, et alors? Un soucis? "
"- Non, non pas du tout..."

Marchant d'un pas saccadé et furieux, elle remonta dans sa cabane alla chercher son foulard rose. Oui, Eva aimait soigner son apparence, elle avait un style joli, aimait que tout aille ensemble, elle aimait s'habiller classement bien. La jeune blonde vérifia la frigidaire, les placards, et, comme elle ne trouva rien à manger, une faim subite l'avait prise, décida d'aller s'acheter quelque chose à se mettre sous la dent.
En courant, elle traversa l'entrée de Berlin-Ouest, évitant les gardes postés, et profitant de l'agitation générale des passages en masse de l'est à l'ouest, pour les personnes saines qui évitent de se rapprocher trop près de la date limite: dix huit heures. Elle poussa la porte de la boulangerie la plus proche de l'entrée et commanda avec fierté une baguette aux pépites de chocolat. Elle la dévora comme si elle n'avait pas manger depuis des semaines, puis s'installa sur le trottoir en face des gardes de Berlin-Ouest, et s'alluma une clope sortit de son sac turquoise. Elle ferma ses jolis yeux, même non maquillé, car elle aimait être au naturel, se maquillant très peu, seulement en allongeant ses cils qu'elle trouvait trop court avec du mascara. Et elle se laissa aller par le moment qu'elle vivait, appréciant pleinement le plaisir de sa clope, essayant d'oublier sa casi gueule de bois. Soudain, un cri de rage la fit sursauter, la fit rouvrir les paupières.

" La fouille pour mieux tripoter les
gonzesses, je connaissais pas encore, tiens ! Tu me retouches, tu
crèves, sale bâtard ! Noon, vous allez quand même pas me violer ici
? Vous baissez encore plus dans mon estime, bande de .. "

Des flots d'insulte. Des vaines tentatives pour se défendre suivirent alors, et Eva reconnaissait de plus en plus la voix de sa chef au fur et à mesure qu'elle parlait. Puis, elle reconnut totalement la silhouette de Félicy quand elle put enfin distinguer d'où venait exactement le vacarme. Elle se releva d'un bond. Et ce fut le bruit d'une claque sur la joue de la blonde par un des gardes qui la fit réagir sans hésiter: Eva se mit à courir en direction de sa chef et amie. Prenant son élan, la petite blonde bondit avec agilité sur le dos d'un des gardes, et aussi souple qu'un chat fit plier ses genoux pour le mettre à terre, à l'aide de ses pieds. Elle descendit du dos alors et d'un coup de pied habile, le lui envoya dans le visage, visant le nez avec une rage non dissimulé. Tenant toujours sa cigarette à la main, elle vint en aide à son amie en l'éteignant sur un des bras qui retenait les poignets derrière le dos de Félicy.

"- Comment vas-tu? Il est rare de te voir en mauvaise posture..."
lui dit elle, pince sans rire, alors qu'elle essayait de deviner si Félicy allait réussir à se débarrasser du bras seul du garde qui retenait ses mains, et si l'autre allait se réveiller ou était il assommé pour un moment...

Oh mais c’est mon n’amie Eva ! Celle-ci se débarrassa rapidement de celui qui lui avait foutu une baffe. Avec une facilité déconcertante, et un brin frustrante. Bon, parfait, elle aussi elle allait montrer qu’elle savait se battre. Ses bras étaient maintenus dans le dos ? Elle écrasa le pied du vigile d’un talon rageur, avec une violence non feinte ; il y eut un craquement de mauvais augure et il laissa échapper un hurlement tandis que sa prise se détendait. Profitant de cet instant de faiblesse, Félicy pivota à quatre-vingt-dix degrés, et, dans une posture digne d’un karatéka, elle se jucha sur son pied droit pour démolir le visage de l’homme du gauche. Il tomba à genoux, mais elle ne comptait pas le laisser s’en tirer à si bon compte. D’un grand coup de pied dans le dos, elle l’envoya au sol. Il y eut un craquement peu ragoutant lorsque le nez de l’homme percuta le sol, et elle se contenta de lui cracher une insulte d’une voix acerbe avant de décider qu’il ne tenterait plus jamais de violer une jeune femme sans défense. Quand bien même il le ferait, il risquerait bien de perde quelque chose très utile pour ces messieurs. Ou même la vie. D’un signe de tête, Félicy remercia Eva, s’approchant d’elle pour voir sa « victime ». Elle avait fait du beau boulot. Il n’était qu’évanoui, mais il était HS. S’il se réveillait, elle se ferait un plaisir personnel de lui briser une ou deux côtes, un nez et éventuellement une oreille. Il fallait juste qu’elle retrouve le temps, comme disait June. Qu’elle le vole à son ennemi, se l’approprie, et gagne. Tout simplement. Elle se retourna vers Eva, lui faisant un sourire.

« Merci, ces gros tas n’ont aucune idée du sens du mot ... »

Silence. Un mouvement à la périphérie de son regard. Il se réveillait. Elle pivota rapidement, faisant face à son ennemi en se balançant d’un pied sur l’autre comme June avait fait dans leur combat commun. Eh quoi, June avait quand même passé des années sous la houlette des meilleurs professeurs d’arts martiaux, il était normal que sa sœur prenne exemple sur elle ! Se balançant d’un pied sur l’autre, donc, elle laissa au vigile le temps de sortir de sa léthargie. Lorsque cela fut fait, elle vit une lueur malsaine s’allumer dans ses yeux, tandis qu’un sourire tout aussi malsain se dessinait sur son visage. Bah bien sûr, face à deux belles gonzesses incapables de se défendre – ou pas -, logique d’avoir ce genre de pensées, hein. Sauf que non. Félicy n’était pas tout à fait d’accord. Elle plia un peu les genoux, laissa l’homme s’approcher un peu puis se jeta sur lui, poing en avant. Un coup ridicule, atrocement facile à esquiver. Le vigile n’eut qu’à se déplacer pour l’éviter.
Il se ramassa totalement la gueule sur la jambe que Félicy avait volontairement laissée traîner, au risque de se casser la gueule elle aussi. L’adversaire au sol, elle fit volte face, lui donnant un grand coup de genou dans le crâne. Mesurer ses coups ? Mais pourquoi faire ? L’homme se releva, se massant la tête en grommelant de fureur. Il se jeta sur Félicy pour lui asséner un coup de point. Elle attrapa son poignet, se décala un peu sur le côté, pointa du coude, et tira. L’homme se prit le coude en plein nez. Non contente, elle laissa son poignet effleurer la joue du vigile tandis qu’elle attrapait son oreille. Son poignet ? Qu’ai-je dis !? Son bracelet à piques, bien sûr ! Laissant une longue balafre rouge sur la joue de l’homme, elle lui tordit l’oreille sans aucun état d’âme. Avec un juron sonore, il fit volte face et s’éloigna en courant, abandonnant son collègue sans aucun remord.

« Grossier. Enfin, excuse-moi, je disais que ces hommes n’ont aucune idée du sens du mot galanterie. Comme dirait un groupe que j’apprécie, violence is an energy. Tu venais faire quoi par ici ? Moi il fut que je fasse mes courses vite fait, et je comptais aller dans une boutique punk pour me racheter des mitaines et des colliers. La boutique était rue Salmonelle, elle a été déplacée du côté de l’impasse du tisseur. Ca te dit de m’accompagner ? Ils ont de super jolis accessoires. »

Non mais wawh quoi. Félicy qui invitait quelqu’un à venir faire les boutiques avec elle, rare quoi. Surtout que la mode punk et Eva n’avait pas vraiment l’air de faire deux.

Sa chef n'était pas si facile à maintenir en place. En deux trois mouvements, à force de coup, et de ruse, elle se débarrassa du garde qui osait lui tenir les mains dans le dos, et il se retrouva bientôt, par terre, ensanglanté plus particulièrement du visage, qui ne pouvait plus bouger. Félicy lui offrit un sourire et toute deux admirèrent leur travail.

« Merci, ces gros tas n’ont aucune idée du
sens du mot ... »

Mais Eva avait sentit juste avant que l'homme se réveilla, elle avait été trop douce... Un grondement sonore sortit de sa gorge, tel un félin. Elle attrapa le bras de Félicy pour lui montrer mais elle l'avait déjà vue. Il relevait la tête, une drôle de lueur dans le regard, et un sourire pervers qui naissait sur ses lèvres. Elle avait envie de hurler sa rage, si il y avait bien une chose qu'elle haïssait c'était que les hommes se fassent une idée sur ce qu'il allait faire des filles.. En plus, celui-ci était d'un con. S'il avait un brin de jugeote, il regarderait autour de lui, verrait son compagnon KO, et se demanderait pourquoi s'était il retrouvé par terre d'un coup. Mais c'était un crétin finit, comme tous les axés, et Félicy ne lui donna même pas la chance de réfléchir un temps soit peu.
Pendant que sa chef punk s'occupait de l'autre, Eva se ralluma un clope et s'accroupit près de l'autre vigile, qui respirait avec peine. Sans quitter le combat des yeux, clope au bec, elle lui dit:

-Tu vois, mon petit, j'espère que ça t'apprend quelque chose cette jolie histoire. Tu regrette là n'est ce pas de t'en être prit à une demoiselle... Révise tes principes, on ne traite pas comme ça les jolies filles. C'est mal. Elle eut un petit rire hystérique. Les axés ne sont ils pas des bons normalement?

Elle se releva alors, et acheva le vigile d'un coup de pied derrière la tête, qui la fit cogner contre le pavé, et une mare de sang se forma. Elle ne savait pas s'il était mort, mais à vrai dire, elle s'en foutait comme de sa première dent. L'autre en tout cas, était en piètre posture, et décida que la fuite était la meilleure solution, s'il ne voulait pas mourir, s'il voulait vivre, et avec toutes ses parties presque intact. Il s'en fut en courant, sans un regard pour l'homme qui avait été un ami, et un complice quelques minutes plus tôt. Eva eut envie de lui crier une parole cinglante, mais elle se retint, car elle était en présence de sa chef.
Toujours en train de se griller sa clope, elle remit son attention sur Félicy qui finissait sa phrase alors:


« Grossier. Enfin, excuse-moi, je disais que
ces hommes n’ont aucune idée du sens du mot galanterie. Comme dirait un
groupe que j’apprécie, violence is an energy. Tu venais faire quoi par
ici ? Moi il fut que je fasse mes courses vite fait, et je comptais
aller dans une boutique punk pour me racheter des mitaines et des
colliers. La boutique était rue Salmonelle, elle a été déplacée du côté
de l’impasse du tisseur. Ca te dit de m’accompagner ? Ils ont de super
jolis accessoires. »


Tirant sur sa clope, elle regarda avec hésitation sa chef, puis lui répondit avec un sourire:

- D'accord!

Ce n'était pas son genre de boutique préféré, mais elle aimait la nouveauté, les surprises, et prendre de nouveaux chemins. Peut-être trouverait elle son bonheur dans ce magasin, on ne sait jamais. Bien de choses se cachent derrière un nom. Elle suivit son amie qui l'amena dans une ruelle sombre, face à une boutique... mal fréquenté aurait on dit. Eva sourit en se demanda ce qu'elles pourraient trouvé là-dedans. Des éventuels partisans de la PRD? Maybe.. Quand elles rentrèrent, une petite cloche annonçait leur entrée. Eva resta un instant de plus dehors, le temps de finir sa cigarette, et de l'éteindre, car elle n'aimait pas les cigarettes qui trainaient par terre allumé. Elle fouilla ses poches en rentrant, et découvrit avec plaisir qu'elle avait encore un peu d'argent sur elle. Cherchant du regard son amie, elle la trouva déjà absorbée par des accessoires, et alla la rejoindre.

[ Je déplace le sujet dans la partie commerciale et j'éditerai dès que j'aurai du temps pour répondre. : ) ]

[...Et quand est ce que t'aura le temps? .. ]

Son amie acquiesçant, Félicy s’empressa de la trainer impasse du Tisseur, ravie de pouvoir partager ses adresses avec quelqu’un. Elle rentra donc dans une boutique d’apparence modeste, qui semblait vendre à première vue toutes sortes de trucs insipides. Genre des bougies, des éventails troués ... Le genre de boutiques mal fréquentées. Dès qu’elle poussa la porte, néanmoins, le vendeur posa son regard froid sur elle. Elle le soutint, avant de donner le code d’une voix aussi glaciale que les yeux de l’homme. Il sourit, puis fit un léger signe de tête. Elle n’eut plus qu’à indiquer qu’Eva était avec elle, et elles purent toutes deux avoir accès à l’arrière boutique. Tandis que son amie préférait rester à l’extérieur pour éteindre sa cigarette, Félicy s’empressa de regarder les accessoires. Son regard tomba presqu’immédiatement sur un lot de chaînes argentées qu’ils vendaient à prix cassé. Ni une ni deux, elle se saisit des chaînes et continua sa tournée. Elle fouilla, farfouilla, refouilla dans les bracelets avant de trouver des mitaines vertes fluo et blanches qui lui plaisaient. Elle les prit aussi, puis détailla les tee-shirts. Il y en avait un, rose, avec quelques inscriptions dessus ; se disant qu’il lui suffirait de le customiser un peu pour qu’il soit parfait, elle le prit aussi. Enfin, elle se tourna vers les colliers. Son regard survola rapidement les chaînes, avant de tomber sur une simple lanière de cuir noir, à laquelle pendaient plusieurs chaînes argentées qui s’accrochaient toutes à un seul et même pendentif, représentant un phénix. Elle le prit aussi, ravie. Elle se tourna donc vers le vendeur, avec un grand sourire, et paya ses emplettes, avant de jeter un coup d’œil autour d’elle. Son amie l’avait rejointe, et regardait elle aussi les accessoires. Félicy s’approcha d’elle, avant de prendre la parole d’une voix enjouée :

« Alors, tu trouves ça comment ? Si tu veux, il y a aussi une super collection de Doc Martens, de lacet et plein de trucs pour les chaussures ! C’est le paradis sur terre, ici. »

Et Félicy d’étendre les bras pour faire un tour sur elle-même, tout en souriant au vendeur. Puis elle baissa la voix, changeant totalement de sujet :

« Au fait, je veux que tu me fasse des recherches sur Corbin Johnson. Je veux savoir si ses recherches sur Sélénia avance. Et si elles avancent, il faut que Kaïlee le pirate pour qu’il perde tout. Bien entendu, tu ne cherches pas sur Sélénia, c’est notre accord. Compris ? Je ne veux pas qu’elle ai à se plaindre de nous, vu qu’elle est quand même notre plus grosse source financière. »

Elle appuya son discours d’un regard insistant à la jeune femme, comme pour sceller un pacte, puis elle se réintéressa aux accessoires. Des bracelets et des mitaines par millier. Elle continua à farfouiller tout en restant près d’Eva, avant de tomber sur un bracelet à piques qui lui plaisait bien. Elle hésita un instant, puis s’en saisit. Tournant les yeux, elle vit aussi une belle ceinture noire qu’elle prit aussi. Elle laissa donc Eva toute seule quelques instants, le temps d’aller payer ses achats, puis fourra tout ça dans son sac en revenant vers son amie.

Ratant de peu bousculer quelqu'un dans la magasin, Eva ne s'excusa même pas, ce n'était pas à son habitude, et entreprit avant tout une observation rapide de l'intérieur du magasin. Petit, mais semblant être avec des endroits surprises, il regorgeait de babiole partout. Tous les accessoires dont on pouvait s'y trouvait. Voire même un peu trop.. Elle n'était pas trop accessoire, à part les foulards, chapeau élégant, ou ceinture... Elle entreprit tout de même de faire le tour du magasin, observant tout, ou presque, tout ce qui avait l'air pas mal... En silence, sans rien dire à personne, faisant son petit truc dans son coin, de toute façon il n'y avait pas grand monde, elle tripotait, touchait, prenait. L'expression "on touche avec les yeux!" n'était pas valable pour elle. Elle trouvait ça idiot, et s'en était toujours moqué.
La petite blonde trouva alors, au bout d'un moment, un foulard, plié en quatre, posé sur une étagère, prenant la poussière. Il semblait de pas avoir été touché depuis des années, cela ne devait pas être le genre de la maison... Plutôt le genre de sa chef? Tiens, en parlant de cette dernière.
Grâce à son ouïe fine, et à sa manie de se tenir toujours sur ses gardes sur qui arrivait derrière elle, Eva l'entendit arriver et se retourna d'un coup. A en juger par un sac pendant à son bras qui semblait bien rempli, Félicy avait déjà acheté pas mal de truc.

« Alors, tu trouves ça comment ? Si tu veux,
il y a aussi une super collection de Doc Martens, de lacet et plein de
trucs pour les chaussures ! C’est le paradis sur terre, ici.
« Au fait, je veux que tu me
fasse des recherches sur Corbin Johnson. Je veux savoir si ses
recherches sur Sélénia avance. Et si elles avancent, il faut que Kaïlee
le pirate pour qu’il perde tout. Bien entendu, tu ne cherches pas sur
Sélénia, c’est notre accord. Compris ? Je ne veux pas qu’elle ai à se
plaindre de nous, vu qu’elle est quand même notre plus grosse source
financière. »

Eva n'avait même pas eu le temps, ou l'envie de répondre à sa première question, qu'elle s'en désintéressa bien vite, ce qui arracha un sourire à Eva. Corbin Johnson? Enregistré dans sa mémoire. Sélénia, nom connue ne fut même pas objet d'attention de la part de la blonde bouclé. Comme elle savait pertinemment qu'elle n'avait pas le droit de rechercher sur elle, allez savoir pourquoi, elle avait retenu son nom depuis belle lurette, pour le mettre dans un coin de sa mémoire.
Après tout, elle était la meilleure: chercher, fouiner, mettre son nez partout, et trouver avec la discrétion d'un voleur étaient ses points forts, et si personne n'avait pu remarquer qu'elle fouinait ainsi, pourquoi Félicy le découvrirait. Elle savait autant espionner pour le compte de sa chef, que pour son propre compte, elle l'avait déjà dupé. Mais c'était son secret, jamais elle n'en parlerait. Elle avait trop de respect pour Félicy pour le faire à chaque fois, bien que prendre des risques était un passe temps génial. Mais les noms sur lesquels elle insistait... De plus, Eva se demandait si Félicy était bien sûr de tous ses sources, et parfois avait l'impression qu'elle accordait sa confiance un peu trop. Mais encore une fois, elle se tut.

- Un petit foulard. Mignon, non? Le dépliant sous les yeux de sa chef, Eva lui montra sa trouvaille. Puis, murmurant en détournant la tête de sorte que le vendeur, ni lui ni personne, ne puisse lire sur ses lèvres, elle rajouta: C'est d'accord pour C.J. je suis à tes ordres.. Je te donne ça quand?

Et enfin, après avoir regardé le prix du foulard et sortit l'argent nécessaire pour le payer, retrouva sa chef au comptoir. Guettant le visage de sa chef, elle attendait sa réponse, après tout, elle savait très bien lire sur les lèvres.
Payant son précieux foulard, le fourrant dans le sac donné par le vendeur, Eva souriait. Elle adorait sa vie.

Félicy plissa les yeux. Eva ne répondit pas tout de suite, semblant l’ignorer, puis elle déplia le fouloir qu’elle tenait à la main, demandant son avis à la jeune chef. Et ajoutant ensuite qu’elle était d’accord pour Corbin Johnson. Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme. Son espionne était vraiment une fille étrange. Néanmoins, il lui semblait qu’elle n’avait pas bien compris les règles du jeu. Il y avait une petite lueur dans son regard qui ne plaisait pas à Félicie ; la lueur de celui qui s’apprête à désobéir. Elle allait sûrement chercher sur Sélénia. Tant pis. Elle ne trouverait rien. Personne ne pouvait savoir qui se cachait sous ce nom de code, Félicy et June mises à part. June ... Le sourire de Félicy se transforma en rictus, tandis qu’elle se perdait dans ses pensées. Déjà huit ans qu’elles étaient séparées ... Sa sœur jumelle lui manquait, et son absence lui pesait chaque jour un peu plus. Elles avaient passé l’enfance sans s’éloigner l’une de l’autre, et les trois années sans nouvelles de June – à l’époque Alice – avaient été torture pour Félicy. Quand elles s’étaient enfin retrouvées, la jeune femme avait investi énormément d’argent dans le financement du parti de sa rebelle de sœur. Dormant peu depuis quelque temps, Félicy revoyait en cauchemar les longues années où elle ne savait si sa sœur la haïssait ou pas, et en sortait à chaque fois plus abattue : June était le prolongement exact de ses pensées, sa moitié, son cœur droit. Sans elle, la vie n’aurait plus aucune saveur. Alors l’idée qu’Eva fouille dans la vie de « Sélénia » ... Non, ça ne lui plaisait vraiment pas. Si Eva trouvait l’identité de leur espionne du côté Axe, qui assurait qu’elle ne s’en servirait pas pour faire chanter Félicy ? Qu’elle ne le révèlerait pas ? Et d’abord, qui assurait que la jeune gitane n’était pas une taupe de l’ONA infiltrée pour trouver, justement, l’identité de Sélénia !?
Prise d’un accès de paranoïa, Félicy redescendit sur terre, observant la jeune femme en plissant légèrement les yeux. Elle achetait le foulard en la regardant, sûrement prête à lire sur ses lèvres. Ah ça non ! Elle n’aimait pas qu’on regarde ce qu’elle grommelait, et l’idée que l’on sache ce qu’elle dise sans qu’elle ne le veuille répugnait Félicy au plus haut point. Elle attendit donc que sa camarade ait payé puis soit revenue vers elle pour répondre à mi-voix.

« Le plus rapidement possible. Il faudra que j’aille voir Sélénia quand j’aurais ton rapport, et je préfère que ça ne tarde pas trop. Et je te le répète, ne cherche pas sur elle. Ne prends pas ça comme un manque de confiance, c’est juste une précaution nécessaire. Sous la torture, n’importe qui peut avouer ... »

Et re-paranoïa. Bon dieu, Félicy, pourquoi veux-tu que quelqu’un torture Eva !? Elle serra les dents en se morigénant intérieurement. Elle était absolument ridicule à insister aussi lourdement, et elle risquait de faire monter en Eva l’envie de fouiller sur Sélénia. Avec un soupir, elle leva des yeux las et pleins de doute vers son amie.

« Oh désolée, Eva ... J’en peux plus de tout ça, je suis crevée, November passe les nuits à aboyer, je revois des passages de mon enfance en cauchemar les rares fois où je dors ... Et ce connard de Tyran qui veut pas nous faciliter la vie ... Je te jure, un de ces jours, je vais aller cogner à sa porte et lui démonter sa face, j’en ai trop marre d’en entendre parler aux infos et de nous voir descendus lamentablement à la TV. »

En effet, depuis bien longtemps, les journalistes se riaient du PRD, les qualifiant volontiers de « club de fous », « parti des racailles en détresse » ou autre grade plus ou moins honorifiques. Et insulter le PRD, c’était insulter Félicy, ce qu’elle ne supportait pas. Elle avait bien sûr émit l’envie d’aller tagger le mur d’un studio pour leur faire arrêter de déblatérer leurs conneries, mais June l’en avait empêché, soutenant que ça ne ferait qu’empirer la donne. Exaspérée, la jeune rebelle se contentait donc désormais de zapper en lâchant un « Mais ta gueule ! » glacial au présentateur qui se fichait d’elle.

Tandis qu'Eva guettait sa chef, des pensées la traversèrent. Oui, c'est vrai, elle adorait de plus en plus sa vie, et spécialement parce qu'elle ne s'ennuyait jamais. En effet, elle était désormais pleines de responsabilités, entre son travail d'espionne, son devoir de chef des gitans, et son statut "d'organisatrice des fêtes les plus folles".. Les yeux dans les vagues, elle fit pendre son sac en plastique à bout de bras, le faisant aller d'avant en arrière, jouant avec. Puis, elle emboita le pas de sa chef vers la sortie du magasin.
Observant soudain le visage de cette dernière, Eva y décerna avec surprise des traces d'inquiétude, et dans ses yeux, du doute.. Quoi? Eva a put donc ne pas réussir à cacher ses sentiments les plus profonds? Ses yeux, si clairs, avaient dû la trahir. Pestant intérieurement contre elle, la jeune femme entendit alors Félicy prendre la parole:


« Le plus rapidement possible. Il faudra que j’aille voir
Sélénia quand j’aurais ton rapport, et je préfère que ça ne tarde pas
trop. Et je te le répète, ne cherche pas sur elle. Ne prends pas ça
comme un manque de confiance, c’est juste une précaution nécessaire.
Sous la torture, n’importe qui peut avouer ... »


La moutarde lui monta au nez, et une bouffée de rage remonta dans sa poitrine. Torture? Quelles pensées avaient traversées la tête de son amie? Torture? Pensait elle vraiment ce qu'elle disait? Elle bloqua net, et tourna avec une rage non contenue la tête vers sa chef, s'apprêtant à exploser. Puis, se rappelant qu'elles étaient encore à l'intérieur d'un magasin, où l'on entend beaucoup mieux qu'à l'extérieur, sachant qu'il n'était pas bien plein, et qu'elle s'apprêtait à lui reprocher toute sorte de chose en nommant plus particulièrement son rôle, son statut, le PRD... Bref, le secret.
Retenant non sans peine sa colère, Eva atteignit les derniers mètres jusqu'à la porte de sortie en un temps record, battant de ses pieds le sol avec fureur. Son geste violent pour ouvrir la porte traduisait aussi sa haine, et elle sortit en coup de vent. Elle se retourna alors quelques mètres plus loin, mains sur les hanches, faisant face à sa chef, attendant des explications, de toute façon, elle avait bien vue qu'elle était énervée, et Eva ne voulait pas risquer d'exploser, sous peine de dire des choses blessantes, comme toujours, et c'était après tout sa supérieure...


«
Oh désolée, Eva ... J’en peux plus de tout ça, je suis crevée, November
passe les nuits à aboyer, je revois des passages de mon enfance en
cauchemar les rares fois où je dors ... Et ce connard de Tyran qui veut
pas nous faciliter la vie ... Je te jure, un de ces jours, je vais aller
cogner à sa porte et lui démonter sa face, j’en ai trop marre d’en
entendre parler aux infos et de nous voir descendus lamentablement à la
TV. »

Mordant ses lèvres, Eva mesura la situation: elle n'était pas la seule à avoir des problèmes, et les siens étaient beaucoup moins importants que celle de sa chef, après tout.. Prenant en compte les événements, elle comprit, et sa fureur retomba aussi vite qu'elle était venue. Dans un geste de tendresse, elle empoigna le bras de sa compagne et l'emmena plus loin, marcher.

- Je peux comprendre que ta vie est un peu dur en ce moment. Ce Tyran ne vivra pas longtemps, et s'il le faut, j'irai frapper à sa porte avec toi, pour lui montrer qui nous sommes. Mais, ce n'est pas une raison pour ne pas avoir confiance en moi... Jamais je ne te trahirai. Ils peuvent me faire ce qu'ils veulent, je me sais assez forte pour résister à un coup de poignard dans le bide. Je mourrai pour la liberté. Je mourrai donc pour le PRD.

Fourrant dans un geste gracieux, le sac avec son nouveau vêtement dedans dans son sac turquoise , Eva en sortit une cigarette, qu'elle alluma.

- Oui, je fume trop. Mais je n'en perd pas pour autant mon endurance, avec tout le sport que je fais... C'est quoi cette histoire de télé? Tu sais, on est pas bien riche chez les manouches, même pas de quoi se payer une télé. Ma radio s'est cassée la semaine dernière d'ailleurs, bref. Ils nous critique ces enfoirés?

Elle avait presque hurler la dernière phrase dans la rue, puis, se rappelant qu'elles étaient encore chez les ennemis, Eva surveilla aux alentours mais, comme rien ne semblait sursauter, ayant lâché le bras de son amie, Eva tira une taffe et attendit la réponse de Félicy.