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 Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3]

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Isis E. Shredder
Isis E. Shredder

Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3] _
MessageSujet: Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3]   Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3] EmptyVen 20 Aoû - 0:18

La nuit tombait sur Berlin. Le crépuscule nimbait la ville de feu et de sang, tandis que le soleil basculait sous l’horizon, quelque part à l’ouest, loin derrière tous ces immeubles qui le cachaient à ma vue. Je savais que de Berlin-Ouest, on pouvait le voir mourir, l’ayant souvent observé dans sa déchéance avec ma chère Alice durant mon enfance, mais ici, à l’est, on ne le voyait ni naître, ni mourir : les gratte-ciels cachaient tout. Leurs ombres évanescentes se promenaient une dernière fois dans les rues, à peine visibles dans l’obscurité naissante. La nuit arrivait, et avec elle son lot de tranquillité et de poésie.
Assise sur la rampe métallique des escaliers menant jusqu’au « parc », ou plutôt au simili de square qui portait ce nom, les pieds se balançant dans le vide, j’esquissai un sourire ironique.
Rectification : la nuit arrivait, et avec elle son lot de violence et d’insécurité. Poésie, tranquillité ? Mais quelle poésie, quelle tranquillité ? Surtout à Berlin-Est quoi. Bienvenue côté Désaxe, petit poney tout gris et tout petit qui gambade dans le pré sans se soucier du temps qui passe. Fais juste attention au loup et à ses feuilles de salade, un jour il arrivera et il te gobera. Me balançant d’avant en arrière sur ma rampe, je regardai encore un peu les changements de lumières, vu que je ne pouvais pas voir le coucher du soleil, avant de sauter à terre d’un bond agile. Je m’étirai avec grâce, puis je me baissai pour récupérer mon sac, une simple besace noire que j’avais customisée - comme toutes mes affaires - en la couvrant de patchs thermocollants, de badges et de chaînes, que j’avais posé au pied de la rampe en arrivant. Je vérifiai vite fait que ma jumelle ne m’avait appelée, mais non, rien : aucun signe que la Marmotte Milka ai courut un danger autre que celui d’une indigestion de chocolat ou une intoxication au papier aluminium. Eh oui, c’est dangereux comme travail, de mettre le chocolat dans le papier alu ! Rassurée sur la vie de ma chère Alice, je désirai de traîner un peu avant de, pourquoi pas, me payer un verre : la journée avait été bonne pour les affaires, j’avais gagné pas mal de fric. Je vendais ma drogue à un prix respectable, quoi que quand même un peu haut pour les gens sur la paille. Eh, mais moi, mes clients, j’en vis, je veux pas que ce soit Jo l’clodo et qu’ils me lâchent au bout d’un mois ! Passant mon sac en bandoulière, je commençais à descendre les marches à moitié effondrées de l’escalier. J’enfonçais mes mains dans les poches de mon short tout en sifflotant tranquillement. La température était estivale et par conséquent il faisait encore bon ; de plus, j’avais fini de confectionner ce short ce matin, aussi j’étais particulièrement contente de pouvoir me balader avec, même si ça laissait voir la prothèse de ma jambe gauche. Elle avait beau être recouverte de plastique couleur chair, on voyait bien que ce ne pouvait être une cuisse et un mollet humain. Heureusement, je m’en fichais pas mal, tant que ça me permettait de marcher et de courir, ce que j’étais justement capable de faire, vu que ça faisait des années que j’avais cette prothèse. Je m’y étais habituée, et c’était comme si j’avais toujours ma jambe. Et puis quoi, j’allais abandonner les shorts et les jupes parce que j’avais une jambe de fer ? Surtout que j’étais vraiment fière de celui-ci ! C’était un vieux pantalon de militaire que j’avais découpé à coups de ciseaux, et auquel j’avais cousu et collé des écussons thermocollants aux messages provocateurs. J’avais fini hier en ajoutant quelques badges et deux ou trois chaînes. Une ceinture cloutée retenait le short ainsi que mon Beretta, qui ne me quittait jamais. J’avais enfilé au dessous de mon short une paire de collants en résille déchirée qui ne tenait pas chaud du tout. Pour compléter le bas, je portais une paire de New-Rock à talons, bardées de sangles, qui me montaient jusqu’au haut du mollet ; elles étaient d’une couleur noire tirant sur le violet, assez larges, et leurs semelles épaisses tenaient en respect. En haut, j’avais passé un tee-shirt rouge vif, orné d’un grand A, symbole de l’Anarchie, qui était entouré d’un cercle d’écriture. Je l’avais confectionné il y avait plusieurs années déjà, mais je l’adorais toujours, et le mettais volontiers. Je portais par-dessus ce tee-shirt une cravate noire avec la tête de ce cher Jack Skellington en plein dessus, que j’avais nouée assez négligemment. Quoi, ça vous fait quoi ? D’abord, je ne sais pas faire les nœuds de cravate, et ensuite, on est pas chez les ministres, on est à Berlin-Est ! Je m’étais aussi rapidement maquillée en partant de la maison ce matin, mettant du mascara sur mes longs cils, soulignant mon regard par du crayon et du fard à paupière bleu électrique, couleur qui était aussi celle de mes yeux, avant de me passer un coup de rouge à lèvres rosé. Quant à mes cheveux, je les avais vite démêlés, appréciant leur finesse, puis, irritée du fait qu’ils me retombaient devant les yeux, j’avais ramené tout ça en arrière, et attaché après avoir mis un peu de laque. J’avais aussi passé mes habituels colliers, optant pour plusieurs rangées de perles noires interrompues ça et là par des pendentifs. Continuant de descendre tranquillement les escaliers, je me surpris à regretter de …

« Hé, la jolie punkette, ça te dis un plan à trois ? J’ai toujours rêvé de baiser une fille cloutée ! »

… ne pas avoir emmené mon chien-loup plus loup que chien, Fenrir.

« Hé, le gros con, ça te dis de te prendre mes bracelets dans la gueule ? J’ai toujours rêvé de crever les yeux des salopards ! »

Ah oui, j’avais oublié : comme habituellement, je portais un bracelet à piques à chaque poignet, ainsi que toute une tripotée d’autres bracelets au bras droit. Inutile de vous dire que ça devait nicker sérieux, un coup du tranchant de la main quand c’était moi qui le donnait. Pourtant mon ami ne devait pas l’avoir compris, ou bien il avait un peu forcé sur la bouteille, la cigarette, la drogue, je sais pas moi, ce que vous voulez, vu qu’il éclata d’un rire gras en s’approchant de moi. Un coup d’œil à droite, un coup d’œil à gauche. Il avait dit un plan à trois. Ils devaient être deux. Je reculai d’un pas. Et heurtai quelque chose.

« Salut mignonne … »

J’avais trouvé mon second copain.
Il passa ses bras autour de mes épaules, me retenant dans l’intention manifeste que son acolyte me fasse des choses pas catholiques du tout, mais je ne l’entendais pas de cette oreille. M’agrippant fermement à ses bras, je pris une grande impulsion et lui envoya mon genou dans le nez. Un craquement sinistre me laissa penser que j’avais réussi mon coup. Plongeant une main dans ma besace, je fis face à l’autre qui … Euh, quel autre ? Je jetais un coup d’œil autour de moi, avant de le voir qui dévalait les escaliers en braillant comme de l’huile de friture dans la poêle. Ca ne vous évoque peut-être rien, je sais, je sais, mais c’est la première pensée qui me passa par la tête en le voyant déguerpir. Oh mon dieu, Lisbeth, tu crèves la dalle ou quoi !? Un pitoyable gémissement me fit tourner la tête ; l’autre bonhomme tenait son nez cassé en geignant comme un pauvre petit enfant. Tiens, c’était rare qu’il suffise de casser un nez pour que faire fuir deux bonhommes. Jugeant que trop de précautions valent mieux que pas assez, je m’approchais de l’homme, toujours à terre, et lui donnait un grand coup de pied dans la tête : il tomba inanimé, et je pus monter les escaliers que j’avais commencé à descendre sans craindre qu’il ne me suive. J’avais fait ça sans hésitation, et je n’éprouvais aucun remord ; en arrivant à Berlin-Est, j’avais compris qu’ici, on vivait au jour le jour, et que si on pouvait tirer des leçons de ce qu’on vivait, il ne fallait pas se morfondre pendant des heures quand on tuait quelqu’un pour se défendre. Et puis bon, ce qui est fait est fait, maintenant qu’il mordait la poussière, je n’allais pas me retourner pour lui jeter un saut d’eau sur la gueule, pour la simple et bonne raison qu’il n’y avait pas d’eau par ici, d’abord, et ensuite parce que ça ne m’intéressais pas le moins du monde de réveiller un boulet probablement aviné qui devait présentement cuver son vin dans les bras d’Orphée, de qui il pouvait abuser comme il le voulait, mais dans ses rêves seulement. Et encore. Montant les escaliers d’un bon pas, je sentis vite une légère douleur pulser dans ma jambe droite, tandis que mon souffle se faisait court. Les marches étaient vraiment trop raides, ici. Ma prothèse, elle, ne me faisait pas souffrir, aussi j’eus l’excellente idée de commencer à bondir sur le pied droit pour monter les marches. Mais t’as pas l’air con, Lisbeth. x] Dix marches plus haut je reposai mon pied, lassée de passer pour une abrutie.

Il y eut un craquement derrière moi.

La main sur la crosse de mon Beretta, je me retournai vivement.

Un jeune homme brun, vachement beau, se tenait derrière moi. Pas le soûlard de tout à l’heure. Cheveux mi-longs, yeux verts tirant sur le jaune, assez bien proportionné et bien fringué, il ne faisait pas partie de la masse habituelle de Désaxé. C’était « quelqu’un ».
Je m’accordai le droit de sortir un paquet de clope de mon sac ainsi qu’un briquet et de m’allumer une cigarette tout en observant le type.
Oui, c’était quelqu’un. Pas un simple mec de Berlin-Est. Peut-être même pas quelqu’un de Berlin-Est.
Je rangeai mon paquet de cigarette. Je m’appuyai contre la rampe de l’escalier tout en passant mes pouces dans mon short, d’une manière assez masculine. Mes doigts caressèrent la crosse de mon arme.

« Tu me suis ou bien c’est un simple hasard, jeune homme ? A moins que tu sois comme toutes ces pourritures de bourges qui veulent se taper une fille sans trop chercher ? Désolée, les putes c’est pas ici. »

Je relevai le menton d’un air de défi.

« Et si tu me touches, je te démonte la face à coup de pied, je te crève les yeux à coup de bracelets, je t’émascule et je te prépare des tripes à la niçoise. Charmant programme, ça te tente ? »
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Gabriel Bowen
Gabriel Bowen

Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3] _
MessageSujet: Re: Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3]   Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3] EmptyVen 20 Aoû - 11:36

    « Et merde ! Putain, fais chier ! »

    Le jeune homme shoota dans une vieille caisse en bois, histoire de canaliser sa rage. Il s’était assoupi avec quelques verres dans le nez, hier soir, et, manque de chance, s’était fait voler sa précieuse guitare, la prunelle de ses yeux, qu’il avait acheté avec force marchandages et sourires charmeurs au vendeur à la sauvette. Le bougre qui avait osé lui faire ça avait tenté sa chance en voyant que Gabriel était saoul, ce soir là. Rien que de penser à son cher instrument entre les mains d’un mécréant lui donnait des envies de meurtre. Une grimace colérique apparut sur son visage, tandis qu’il sortait de l’immeuble délabré. Les mains enfoncées dans ses poches de jean, il marchait d’un pas lent, fulminant intérieurement. Eh oui, maintenant il savait ce que cela faisait d’être un pigeon. Et encore, il avait eu bien de la chance que l’étrange personnage lui ayant subtilisé sa guitare ne l’ait pas aussi dépouillé de ses vêtements, ou du collier-chaîne en argent qu’il avait gagné en jouant au poker dans le café-bar de la Berlin-Est. L’aube était glaciale, et le soleil ne s’était qu’à peine levé – du moins supposait-il, avec la magnifique vue qu’il avait d’ici -. D’un geste brusque, il rabattit les côtés de son blouson, histoire d’avoir un peu plus chaud. Toujours dans une colère noire, le Désaxé frappa vivement dans une canette de Coca abandonnée par là à l’aide de ses Converses. Ses pas le menèrent automatiquement au bistrot du coin, pour apprécier la piquette servie dans l’endroit. Pour accentuer encore plus sa frustration, l’endroit était désert, dépourvu de tout signe de vie. Un chapelet de jurons orduriers sortit de la bouche de notre ami, sans pour autant le soulager de sa rage. Si un jour il rattrapait celui qui lui avait volé son seul objet de valeur, il lui démonterait la face, avant de le laisser agonisant comme encas aux corbeaux. Le truc franchement sympa à entendre, quoi.

    Finalement, le jeune homme tourna dans une ruelle adjacente, pour se dégourdir les jambes. Il s’assit sur le perron d’une vieille maison abandonnée la tête appuyée sur sa main droite, le regard perdu dans le vide. Ah, si seulement il avait connu le sens du mot « économie », dans sa jeunesse ; il aurait pu appliquer le concept ici, au lieu de tout dépenser en quelques mois, se faisant prendre comme un débutant par des marchands aux prix exorbitants. Tout était beaucoup moins cher, au marché noir. Mais cela, il ne l’avait appris qu’un ou deux ans après son arrivée dans Berlin-Est. Un soupir excédé brisa le silence ambiant.

    « Eh, mon gars, tu vas me filer tout c’que t’as sur toi. »

    Gabriel ouvrit un œil pour jauger l’empêcheur-de-tourner-en-rond, pas impressionné le moins du monde. Il s’agissait d’un homme, la quarantaine, qui devait avoir quelques coups de trop dans le nez. Il fixait le Désaxé de ses petits yeux porcins, une lueur menaçante dans le regard. Le jeune homme se leva, et vit qu’il dépassait l’ivrogne d’une bonne tête. Apparemment, celui-ci dû faire la même comparaison et en tirer les mêmes conclusions, étant donné qu’il reculait doucement, d’un air gêné. Il lança un sourire dévoilant tous ses chicots ; on aurait dit que ses dents étaient un duo banane chocolat : elles étaient jaunes et noires, et déchaussées. Le vent charria l’haleine de l’homme jusqu’à Gabriel, qui crut avoir devant lui l’odeur des WC publics de Berlin-Est. L’inconnu parti sans demander son reste ; Gabriel se félicita d’avoir bien mangé sa soupe étant petit, cela venait de lui sauver la vie. Il se rassit sur la même marche qu’au début, et replongea dans ses pensées.

    « Maman, maman !

    - Eh, le môme, tu veux quoi encore ?! Ta mère t’as dit de rester assis et de la fermer ! »


    Le petit garçon fixa d’un air ébahi la nouvelle servante : une demoiselle brune, la vingtaine, qui le regardait d’un air tout sauf débonnaire. L’agacement et le déplaisir teintait ses yeux noisette, et cela, l’enfant l’avait bien vu. Apprenant vite de ses erreurs, le petit ne dérangea plus sa nouvelle gouvernante, et parti dans un silence boudeur jouer dans sa chambre. Petit qu’il était, il ne vit pas le petit rire complaisant de sa grande sœur, qui lança un sourire mielleux à la suivante. Cette dernière le lui rendit, un rictus tout aussi hypocrite que celui d’Aisling. La fillette de huit ans remonta d’un pas agile dans sa chambre, de ses pieds menus parés de petits souliers de satin et de dentelle. Elle s’assit négligemment sur son fauteuil de velours lie-de-vin et alluma avec nonchalance l’écran plat qui lui tenait office de télé de transition, en attendant la livraison du plasma géant qu’elle aurait pour son anniversaire.


    Gabriel ouvrit vivement les yeux et constata avec horreur qu’il s’était endormi. Avec une frénésie nerveuse, il vérifia que rien ne lui avait été pris et fut soulagé de retrouver tout à sa place. Sa chaîne en argent, son chapeau, ses Converses, son jean et tout le barda. Le Désaxé se releva d’un geste souple et essaya de voir quelle heure il était, à peu près. Le soleil était maintenant haut dans le ciel, et le jeune homme en déduisit sans grande difficulté qu’il était aux environs de midi. Avec enthousiasme, (enfin, on se comprend xO), il rebroussa chemin et se dirigea vers les magasins de la ville, ouverts à cette heure ci. Il fouilla dans la poche arrière de son pantalon pour voir combien il lui restait, et s’il avait assez pour se payer un sandwich. Le jeune homme avait assez pour cette fois-ci, mais la consternation se lut sur son visage, lorsqu’il se rendit compte que sept euros soixante composait son unique fortune. La mauvaise humeur reprit de plus belle, lorsque cela lui rappela la disparition de sa chère guitare. Il n’aurait pas autant de chance la prochaine fois, ni autant d’argent ; si il recroisait le vendeur (ce qui serait déjà n exploit en soi), Gabriel ne pourrait jamais lui faire baisser aussi scandaleusement ses prix. L’homme s’était fait avoir une fois, pas une seconde. Surtout par la même personne. Pas assez con pour ça. Tout en soupirant, le Désaxé acheta sa pitance et repartit avec jusqu’au bar, histoire de l’accompagner d’une des infâmes piquettes de l’endroit. Il s’installa tout au fond de l’établissement, histoire d’être tranquille. Quelques minutes plus tard, une jeune femme posait une choppe à la propreté douteuse devant lui.

    Quelques heures plus tard, le jeune homme sortit du café pour aller prendre l’air. Ses pas l’amenèrent jusqu’aux vieux escaliers, endroit calme mais dangereux pour une personne seule et non-armée. Heureusement qu’il avait pris des cours de self-défense pendant cinq ans, lorsqu’il habitait encore à Berlin-Ouest. Soudainement, Gabriel entendit des voix balancer des chapelets de jurons, et des coups partir. Il fut intrigué, mais avait assez d’instinct de survie pour ne pas se mêler de ce qui ne le regardait pas. La surprise se lut sur son visage, lorsque, une ou deux minutes après, il aperçut une jolie jeune fille devant lui, le toisant d’un air peu amène. Elle possédait de longs cheveux blonds, et des yeux bleu électrique ; ses vêtements étaient pour le moins original. Mais ses paroles l’étaient plus encore. Les yeux de Gabriel s’agrandirent sous l’effet de surprise ; jamais encore depuis dix ans qu’il vivait ici le jeune homme n’avait rencontré une fille jurant tel un charretier. Et à vrai dire … Cela l’amusait beaucoup. Un sourire mi-énervé mi-amusé se peignit sur son visage.

    « Charmant programme, effectivement. Si tu veux tout savoir, j’en ai strictement rien à foutre de toi, et j’ai vraiment autre chose à faire que d’aller culbuter des filles que je connais pas. C’est pas mon genre. »

    Il la fixa d’un air sceptique, avant de reprendre d’un air nonchalant.

    « Et ce vocabulaire .. Ma foi, je dormirais moins con ce soir. »
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Isis E. Shredder
Isis E. Shredder

Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3] _
MessageSujet: Re: Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3]   Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3] EmptyVen 20 Aoû - 15:19

Lorsque j’invectivai l’homme, je vis ses yeux s’écarquiller, puis un sourire mi-figue mi-raisin se dessiner sur ses lèvres. Eh, quoi, je te fais tant marrer que ça !? Lorsqu’il me répondit, je décelai une trace d’agressivité dans ses propos. Mes doigts se resserrèrent sur la crosse de mon Beretta, tandis que je pliais imperceptiblement les jambes, prête à passer à l’attaque. Enfin, imperceptiblement … Ca l’aurait été si un grincement sonore n’était pas venu tout casser. Baissant vivement la tête, je jetais un œil à ma prothèse tout en la faisant jouer un peu. Mais, c’est quoi ce bruit !? J’avais l’air fine, moi, avec ma jambe de plastique même pas foutue de tenir droite ! Il allait falloir que je passe par chez Lycia Lychee avant de rentrer, histoire qu’elle m’explique si c’était normal ou pas. Au moment où je me disais ça, ma jambe cessa de grincer, étrangement. J’haussai un sourcil surpris, et m’appuyai un peu plus contre la barrière pour soulever ma prothèse et observer mon genou et ma cheville gauche. Bah non, rien d’étrange. Je ne comprenais pas. Boarf, ça ne servait à rien de dilapider notre argent chez Lychee, surtout qu’elle avait une légère tendance à arnaquer, aussi j’haussai les épaules en me réintéressant au bonhomme.
Il n’était pas comme la plupart de autres habitants de Berlin-Ouest, vu qu’il semblait en être un. Trop propre sur lui, trop hautain. Et son langage … Oui, trop chic. En le regardant bien, je notai que son chapeau était en parfait état, et qu’il portait une chaîne en argent. Le genre de truc qu’il se serait fait dérober depuis bien longtemps s’il n’était pas aussi grand – je devinai qu’il mesurait entre le mètre soixante-quinze et le mètre quatre-vingt -, et aussi assuré. Il était comme moi, à savoir sûr de lui et capable de se défendre. Une lueur d’intérêt s’alluma dans mon regard. J’aimais bien ce genre de gars, qui répondaient d’un air outré et prenaient de haut, parce qu’en général, ils s’avéraient être beaucoup plus fins et sympathiques que ceux qui s’écrasaient devant vous comme une bouse d’une vache atteinte de diarrhée. Eh si, même les vaches souffrent de ce problème majeur. Comme quoi, la réincarnation la meilleure est sûrement celle de bouse, vu qu’on ne souffre pas, à part peut-être pour sortir. Donc bref, les malabars qui se splotchaient devant vous comme toutes sortes de choses molles et visqueuses, en général, se relevaient vivement dès que vous étiez partie et se trouvaient une victime moins dangereuse. Coup bas ? Et alors, on est à Berlin-Est, non ? En tout cas, celui-ci, qui me tenait tête avec un brin d’arrogance, ne semblait pas désireux de se payer une partie de jambes en l’air, et rien que pour ça, il me plaisait. Le scrutant avec attention, perdant mon air amène, je me tus un ainsi avant de reprendre :

« Tu n’es pas comme les autres, toi. Tu ressembles un peu à Saul. La même façon de répondre aux gens, de les prendre de haut, comme ça … Ca manque de gens comme ça, par ici. »

OMG tenez vous bien les gens, Lisbeth Raven, la punk violente arrogante égocentrique égoïste vilaine méchante qui tue tout le monde, la vilaine fille quoi, complimentait un gars qu’elle ne connaissait même pas. Surprenant, et alors ? Brûlons l’évidence, et dansons sur ses cendres, c’est tellement plus marrant que de valser sur un parquer lustré. Beaucoup plus détendue, je continuais de le reluquer, notant qu’il était quand même vachement bien foutu. Pas autant que mon Saul d’amûûûr, mais bien beau quand même. Et puis il avait l’air sympa, j’étais certaine qu’il plairait à madame Marmotte ! Ou plutôt mademoiselle, la pauvre enfant est célibataire. Mais je t’aime ma Marmotte Milka, si tu t’intoxiquais avec ton papier alu (oui j’aime bien cette image, pardonne moi), je serais la première à débouler à l’Hôpital Berlin II l’arme au poing en hurlant qu’ils doivent te sauver. <3
Continuant d’observer le gars, je me surpris à me demander s’il était le genre de type à risquer sa vie pour les autres. Bref, un homme comme tous ceux qui constituait le PRD. Auquel cas, j’aurais pu le faire entrer dans le Parti. Mais bon, un inconnu … Ca n’aurait sûrement pas fait l’unanimité avec les autres membres. Valait mieux attendre que je le connaisse un peu plus, si ça arrivait un jour. Et si j’arrivais à trouver son nom, que je demande à Alice de me faire un petit dossier sur lui, histoire de voir à quoi ressemblait son passé. Parce que si c’était un clébard de l’ONA, alors l’entrée dans le Parti, il se la met dans le cul. Mais bon, je ne savais pas trop pourquoi, mais j’avais l’intime conviction que ce garçon n’était pas un Axé. Peut-être à cause de la lueur de défi dans ses yeux, comme s’il promettait à la vie qu’il ne mourrait pas avant de l’avoir voulu, et ça rien que pour emmerder Atropos. Ouh c’est méchant, il faut pas pousser Mémé dans les orties, même pour survivre, surtout quand elle coupe aussi bien les fils et fait de si jolis broderies ! N’empêche que ce gars me faisait bonne impression, assez bonne pour que je relève le menton tout en me présentant.

« Je m’appelle Lisbeth. Lisbeth Raven. Qui es-tu, si je ne suis pas indiscrète ? »

L’ironie dans ma dernière phrase était plus que perceptible, mais pas mauvais, plutôt malicieuse, espiègle. Je comptais vraiment lui arracher son nom, d’abord parce que je voulais me renseigner sur lui, et ensuite parce que j’avais horreur de parler à quelqu’un sans connaître son nom quand lui savait le mien. Si le bonhomme ne me répondait pas, j’avais toujours l’option « sortir le pistolet en gueulant comme une barge », mais elle ne m’intéressait pas. Je préférais me la jouer à la Alice, et discuter avec le gars, jusqu’à ce qu’il accepte de me répondre.

Pour une fois, je comptais être un peu féminine, et ne pas me comporter comme une de ces brutes de mecs. x]
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Gabriel Bowen
Gabriel Bowen

Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3] _
MessageSujet: Re: Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3]   Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3] EmptyVen 20 Aoû - 17:26

    Sans vraiment s’en rendre compte, Gabriel se crispa lorsqu’il entendit la question de la jeune fille. Il n’avait pas confiance en grand monde, par ici ; dire son nom à une fille qu’il venait tout juste de rencontrer comprenait un risque. Si elle fouillait un peu, Lisbeth – car tel était son nom – trouverait tout sur lui, ses origines, sa famille, son ancienne richesse … Tout. Mais une petite voix lui sifflait que c’était déjà trop tard ; ses vêtements savamment découplés, sa manière de parler et ses airs hautains l’avait déjà à moitié trahi. Un petit rictus agacé passa si furtivement sur son visage que l’on croirait l’avoir rêvé. C’était son choix ; soit il se trahissait définitivement devant elle … Soit il lui donnait un faux nom. Ce qui était encore plus dangereux. Une petite flamme indécise joua dans ses yeux émeraude, tandis qu’il jaugeait du regard la demoiselle blonde. Le Désaxé avait terriblement envie de lui révéler son nom, de dévoiler qui il était – chose qu’il n’avait jamais fait auparavant – mais une peur triviale l’en empêchait. Il n’avait jamais tissé de relations, depuis son arrivée dans Berlin-Ouest. L’angoisse qu’il ressentait fut la plus forte. Ce fut presque à contrecœur qu’il lui sortit un mensonge effronté. Son éducation de jeune héritier s’insurgea de temps de couardise, mais Gabriel la fit taire, étouffant jusqu'au plus petit scrupule qu’il pouvait éprouver.

    « Gabriel Scott. »

    Il s’avança, passa près de Lisbeth pour aller sur la plateforme. Il scruta les gratte-ciels grisâtres, les buildings en ruines, essayant d’apercevoir le soleil couchant. Le jeune homme n’y arriverait pas, il le savait mais ne pouvait s’empêcher d’essayer dès qu’il se promenait par ici. Il passa une main distraite dans ses cheveux, avant de commencer à tripoter sa chaîne en argent. Sa guitare lui manquait plus que de raison. Il soupira et se retourna vers la jeune fille, en arquant un sourcil.

    « Mais dis-moi, qui est Saul ? Tu l’as glissé dans l’une de tes phrases, tout à l’heure. »

    Gabriel s’écœurait lui-même, en entendant sa pitoyable tentative pour changer de sujet. Depuis sa petite enfance, il avait toujours eu de l’ambition. Beaucoup d’ambition. Malheureusement, il n’avait jamais eu les couilles qui allaient avec. Il pouvait dire « Je risquerais ma vie pour les autres » sans rien en faire pour autant. C’était pour cela que le jour où il était partit de chez lui, pour aller s’exiler dans Berlin-Est, il s’était surpris lui-même. Comme quoi. Pour ne jamais avoir à révéler son éminente couardise au grand jour, le jeune homme ne se mouillait jamais. Il ne prononçait jamais de choses pouvant le mettre en danger, ou l’incommoder. Il était naturel chez lui d’être taciturne et distant. Alors pour se voiler la face, le Désaxé se disait que tout cela n’était qu’une forme plus avancée de misanthropie. Sans vraiment y croire. Le jeune homme était exaspéré. Pourquoi éprouvait-il des remords à lui mentir ? Il ne faisait que se protéger, après tout. Oui, que se protéger. Peu à peu, il remisa au fond de son esprit ses vils propos, et se concentra plus attentivement sur Lisbeth. D’un air innocent, il rompit à nouveau le silence.

    « Dite- Dis moi, tu ne connaîtrais pas des gens qui vendent des bagues articulées, par hasard ? J’aimerais bien en acheter une. »

    Oh la bourde. Ses bonnes manières avaient repris le dessus l’espace d’un instant et il avait failli vouvoyer la jeune fille. Il pria intérieurement pour qu’elle n’y fasse pas attention. Décidément, il enchaînait les poisses, aujourd’hui. Tout cela le ramena à sa guitare ; son perfide esprit lui avait mainte fois dit d’aller en voler une dans Berlin-Ouest, mais le jeune homme se refusait de s’abaisser à voler. Surtout à voler son quartier natal. Il s’en était certes exilé mais n’oserait jamais voler – ou du moins directement – la terre de ses ancêtres. Acheter ce qui avait été volé, d’accord ça passe encore, mais voler lui-même … C’aurait été une insulte plus grande que tout ; et si on l’avait surpris et arrêté, ce qui arriverait dans quatre-vingt-dix pourcent des cas, la disgrâce tomberait sur la famille Bowen. Cela le dérangeait, sans qu’il ne sache pourquoi. Et il serait décapité, peine attribuée à tout Désaxé outrepassant les limites de son territoire. Pour ces seules choses, Gabriel se refusait à voler. Ici, et ailleurs. Le jeune homme n’était pas encore tombé aussi bas. Non, pas encore. Mentir, blesser, partir, d’accord. Mais pas voler. (Et oui, notre petit gosse de riche se fait un blocage dessus. xO)

    « Qu’est-ce que ceci, jeune homme ? »

    La voix sèche de sa mère résonna dans l’immense pièce. Le petit garçon regardait fixement le sol, n’osant pas croiser le regard glacé d’Emmie Bowen. Elle était assise sur un fauteuil capitonné, le dos bien droit, les jambes croisées. Et la femme toisait d’un regard peu amène le garçonnet devant lui. Même son esprit d’enfant savait qu’elle ne le laisserait pas repartir tant qu’il n’aurait pas avoué son crime et qu’il ne se serait pas excusé. Elle s’accroupit à la hauteur de l’enfant et lui saisit vivement le menton, pour qu’il la regarde dans les yeux.

    « C’est indigne de toi, Gabriel. Voler est pitoyable, signe de pauvreté. Tu redescends dans mon estime. Si jamais je te revois dérober ne serait-ce qu’un couvert dans les cuisines, je te renierais. Te jetterais dans les ordures, tel un déchet puant. »

    Les paroles de sa mère eurent l’effet d’une gifle sur le petit garçon, qui sentit son cœur battre à toute vitesse. Il avait envie de pleurer, mais savait que ses larmes n’avaient jamais attendrie sa mère, la rendant plus acerbe encore.

    « Je … J- Je suis navré, Mère. Pardonnez-moi.

    - Tu es pitoyable, mon fils. Pitoyable. »


    Le petit garçon trembla, les yeux plein de larmes. Il voulu s’enfuir dans sa chambre, mais une main de fer le retint. Il tomba nez à nez avec les yeux bleu perçants dans sa mère. Elle le dévisagea d’un air étrange, indéchiffrable. Une petite flamme déçue brillait dans ses yeux ; mais cela, Gabriel ne pouvait le savoir, du haut de ses six ans. Tout absorbé qu’il était à ne pas fondre en larmes devant sa mère, il ne réfléchit pas plus à la situation. Au bout de quelques minutes, la femme le relâcha brusquement et le bambin en profita pour s’enfuir et mettre le plus de distance possible entre Emmie Bowen et lui. En partant ainsi, à toute allure, il ne vit pas sa mère secouer négativement la tête, comme pour confirmer quelque chose qu’elle avait déjà pressenti.


    Gabriel ressassa ce vieux souvenir quelques instants de plus, lui trouvant un goût amer. Il le remisa au fond de son esprit sans plus y faire attention, comme un vieux chewing-gum qu’on crache sur le sol. Oh, la jolie comparaison. Si sa mère savait un jour qu’il l’avait comparée à un crachat, elle ne s’en remettrait jamais. Une chose sauta aux yeux de Gabriel. La fille qu’il avait en face de lui avait la même couleur de cheveux que sa mère. Et les mêmes yeux. Une sensation étrange l’envahit. Il se sentait mal à l’aise, en face de Lisbeth.
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Isis E. Shredder
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Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3] _
MessageSujet: Re: Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3]   Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3] EmptySam 21 Aoû - 1:48

Je plissai les yeux. Un rictus sur son beau visage. Si furtif que je failli ne pas le voir. Si bref que j’aurais pu croire que j’avais rêvé. Si fugace que je fus certaine qu’il cachait quelque chose. Il hésitait, il doutait, et cela, je le devinais. Songeait-il à me sortir un faux nom ? Peut-être. Je retins un sourire de carnassier. Je l’avais vu, c’était trop tard. Ma mémoire photographique avait déjà enregistré cela, et je m’en souviendrais toujours. Ce « don » était sûrement ce qui faisait que j’étais capable de me renseigner aussi bien sur les autres. Montrez moi une photo d’un homme, je la retiendrai et serait capable de le reconnaître dans la rue un an plus tard. Bon, ça nécessite de me faire mâter la photo un bout de temps, mais si je m’y mets sérieusement (laissez moi me marrer, je parle comme un Axé !), je suis capable de retenir un visage jusqu’à la fin de ma vie. C’est malheureux, hein ? x) Enfant, j’aurais pu avoir d’excellents résultats grâce à cette hypermnésie doublée d’une mémoire photographique ultra-performante, mais il aurait fallu pour cela que je daigne travailler, et je n’en avais jamais manifesté l’envie. Je retenais tout, mais je jugeais que le rôle du prof n’était pas de nous évaluer, juste de nous instruire. Ce qui fait que les enseignants tombaient souvent sur une copie blanche, à l’exception d’un « Et la Marmotte Milka, vous avez pas peur qu’elle se mange le doigt en voulant gnaper du chocolat ? » écrit par ma main. Ca me faisait marrer, et hurler mes parents.
La voix de l’homme coupa court à mes pensées. Gabriel Scott. Ce nom ne m’évoquait vraiment rien. Et dire que je m’étais présentée aussi franchement ! J’aurais mieux fait de lui sortir un nom de livre, comme Lisbeth Salander, quoi que ç’aurait été un peu cliché. L’idéal aurait sûrement été Lisbeth Hélianthas, vu que Pierre Bottero était un de mes auteurs favoris, même s’il avait vécu dans les années deux mille, soit il y a plus d’un millénaire. Mais bon, tant pis, ce qui est fait est fait. Le beau jeune homme s’avança vers moi, et l’espace d’un instant je cru qu’il était animé de mauvaises intentions, ce qui me fis poser doucement ma main sur la crosse de mon arme. Tssk, t’approches pas. Il se contenta de la dépasser pour se planter en haut des marches, scrutant les immeubles. Je le suivis du regard, me tournant pour rester face à lui. Je pouvais aisément le mettre hors-jeu, là, maintenant. Il suffisait de courir et de lui foncer dedans pour le faire tomber dans les marches défoncées de l’escalier, ou bien de me jeter sur lui en brandissant le poignard qui se cachait sous mon tee-shirt, contre mes flancs. C’était une arme un peu vieillotte, certes, et avec ça je n’avais aucune chance face à un revolver, mais je l’aimais énormément, et c’était toujours pratique d’avoir quelque chose qui coupe avec soi. Dans le cas où on se fait attacher, par exemple. C’était aussi une parfaite arme pour tuer, et j’aurais pu ôter la vie de ce Gabriel sans problèmes, mais je n’y voyais aucun intérêt. Il n’était pas menaçant, et mon nom était assez connu dans Berlin-Est pour qu’on le murmure avec angoisse ou respect. Bien entendu, mon visage était moins célèbre que mon patronyme, et je me faisais souvent aborder dans la rue, comme toutes les jolies filles du côté Désaxé, cela dit.
Gabriel se retourna vers moi, haussant un sourcil, et m’interrogea sur Saul que j’avais mentionné plus tôt. Et merde, mon ami était grillé. Sauf que je ne comptais pas en dire plus sur le beau jeune homme que je disputais à cette sale teigne de Cassy. Ca se limiterait à un « oh, c’est un ami », mais rien d’autre. Avec un sourire bref, je lâchais, nonchalante :

« Ce n’est qu’un ami. Un bon ami, certes, mais rien de plus. »

Ouh, vilaine menteuse, c’est le joli minet qui te fait baver depuis pas mal de temps, en fait. Mais ça, ce n’était pas nécessaire que ce jeune inconnu ne le sache. Plongeant les mains dans mon sac, je sortis un paquet de cigarette et un briquet. Je m’allumai une clope et rangeai tout cela, tirant une longue bouffée. Je soufflai, observant la fumée qui s’envolait par volutes évanescents. C’était joli tout plein, poétique, et vachement crade pour les poumons, mais j’étais incapable de m’en passer. Heureusement, je ne fumais pas énormément, me limitant en général à une ou deux clopes par jour. Je n’en étais pas encore à descendre trois paquets quotidiennement, comme le faisaient pas mal de gens ici. Tenant ma cigarette entre deux doigts, les coudes posés sur la rampe et le dos appuyé contre cette dernière, j’observai Gabriel, qui reprenait la parole. Et fit une seconde erreur. Mes yeux s’étrécirent, tandis que je le scrutai, cherchant à comprendre qui il était. A Berlin-Est, personne ne vouvoyait personne, sinon les gens qui avaient énormément d’estime l’un pour l’autre. Ou bien les Axés tout juste arrivés ici, mais ça me surprenait, vu qu’il avait commencé par me tutoyer. Portant à nouveau ma cigarette à ma bouche, je retenais un sourire de requin qui a chopé sa proie. Bah oui, si Marin le poisson-clown voit mes grandes dents de vilain méchant requin qui veut le gnaper, même si je suis sensée être en cure, pour ceux qui ont suivi le dessin animé, il va fuir, non ? Je tirai une nouvelle bouffée sur ma clope, puis la repris entre mes doigts tandis que je soufflais doucement, le regard planté dans les yeux de Gabriel. D’une voix posée, presque indifférente, je lâchais :

« Tu sais, moi aussi je suis une Axée, Gabriel. J’ai été envoyé ici à mes douze ans. On m’a séparée de ma jumelle pendant six ans, tu te rencontres ? Six ans loin de la personne qui a partagé toute ma vie, depuis notre naissance jusqu’à ce que je commence à manifester avec d’autres pour les droits des Désaxés. Et puis un beau jour, Il en a eut marre, et il a viré tout le monde de la manif à l’Est. Depuis je croupis ici. Et tu sais comment on s’est retrouvé, Alice et moi ? »

Sans que je ne m’en rende compte, mon ton avait changé : j’avais élevé la voix, et je virais vers des aigus limite hystériques. Rien que de repenser à ces six années de solitude et souffrance loin d’Alice me faisait totalement péter les plombs. Serrant les dents, je m’obligeai à me calmer, avant de reprendre :

« Quand on s’est retrouvé, je tenais en joue mes parents avec un flingue, j’avais une jambe en moins, je souffrais le martyr et j’étais couverte de sang. Je venais de tenter de faire sauter le mur, et d’y laisser ma jambe gauche. Alice a commencé par me demander si j’étais capable de la tuer, avec cette arrogance que je ne lui connaissais pas, puis elle m’a dit qu’elle allait me payer une prothèse, et qu’après, je dégageais de leur vie. Elle a commencé à financer mon PRD. Pas longtemps après, ces bâtards de l’ONA ont fait une descente à l’ONA, m’ont ramassé et m’ont foutu dans une cage sans bouffer pendant quelques jours. Alice est venue me sortir, on s’est faites choper et elle a été exilée ici. »

Je le regardais en levant le menton, le mettant au défi de me juger.

« Tu sais quoi ? Je t’ai dis ma vie, tu peux me dire ton nom. »
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Gabriel Bowen
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MessageSujet: Re: Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3]   Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3] EmptySam 21 Aoû - 15:17

    Et merde. Pris comme un débutant. Le regard inquisiteur de cette fille le mettait mal à l’aise plus que jamais. Son orgueil se révolta d’être mit à mal par une inconnue, dont il ne connaissait pas l’existence avant il y a quelques minutes. Toutes les phrases qu’il s’était préparé à dire étaient parties ; le jeune homme se sentait futile, plus ridicule que jamais. Et puis d’abord, que se passerait-il s’il lui révélait son nom ? Elle remuerait la crotte odorante qu’était son passé, au risque d’en ressortir avec des émanations qui ne sentiraient certainement pas la rose et la barbe à papa. Mais bon, Lisbeth n’avait-elle pas elle aussi un passé merdique ? D’un certain côté, Gabriel admirait sa franchise. Elle déballait sa vie à un inconnu d’un air totalement détaché. Cela lui faisait penser à la fois ou il avait sourit à sa sœur avant de lui planter une fourchette dans la main. Un sourire amusé fleurit sur son visage. Son excès de prudence et son malaise l’avaient une fois de plus conduit dans une situation encore plus étouffante que s’il avait directement déballé sa vie et son nom à la jeune fille. En faisant fi de ce qu’elle venait de lui dire, pour ne pas en rajouter une couche, il lui donna simplement ce qu’elle attendait de lui. C'est-à-dire une réponse à sa question, sans mensonge ni tromperie. Réponse qu’il lui donna d’un ton rauque.

    « T’as sûrement raison. Je m’excuse, pour cette fois. »

    Il laissa voler quelques instant ses propos dans les airs, avant de continuer.

    « Gabriel Bowen. »

    Comme fatigué, il s’assit sur le sol, le dos appuyé le long d’un des murs de la plateforme. La clope que Lisbeth venait d’allumer lui faisait envie ; cela faisait presque cinq mois qu’il n’avait pas fumé, n’ayant pas trouvé assez d’argent pour acheter un paquet. Il laissa tomber son regard sur la cigarette d’où la jeune fille tirait de longues bouffées, une petite lueur envieuse au fond des yeux ; seules les règles de bienséance, qui étaient encore bien gravées dans son esprit, l’empêchaient d’aller lui piquer sa clope pour en profiter aussi. Le Désaxé soupira avant de détourner le regard de la bouche de Lisbeth, sa conscience lui répétant que c’était impoli de sa part. La courtoisie et les bonnes manières que le jeune homme possédait encore lui semblaient futiles, presque risible ; elles étaient totalement obsolètes, dans le lieu où il se trouvait. Pourtant, c’était presque plus fort que lui. Au fil du temps, cette politesse et ce ton doux qu’il employait toujours étaient devenues un atout, malgré leur anachronisme avec le lieu. Avec elles, il pouvait débiter des insanités, des chapelets d’insultes d’un ton détaché et calme ; ses interlocuteurs restaient le plus souvent ébahis avant que ça arrive au cerveau. Et à ce moment, le jeune homme n’était déjà plus en vue, parti dans son repère préféré : le bistrot du coin. Le silence avait repris ses droits, laissant les deux protagonistes dans un calme assourdissant. Pour briser la glace, Gabriel reprit la parole, d’un ton détaché, presque badin.

    « Et je suppose que je peux te raconter la mienne, de vie, maintenant que tu l’as fait, toi. Je suis né dans une famille de gros bourges, où les apparences comptaient plus que tout. Ma mère idolâtrait Aisling, ma sœur, et m’envoyait chier dès que je lui adressais la parole. J’étais un enfant non-désiré, il faut dire. Bref. Il y a quoi, dix ans, c’était la dernière fois que je revoyais ma charmante famille. A vrai dire, ma sœur m’avait bien chauffé, et avait branché ma mère sur les Désaxés. Elle débitait des conneries comme quoi ça n’étaient que des fils de putes, des sales chiens .. Et je lui ai dit qu’elle ferait mieux de se la fermer, parce que quand on ne connaît pas, on dit rien .. »

    Il laissa sa phrase en suspend, essayant de retrouver la voix indifférente qu’il avait au début. Il y arriva plus ou moins et se trouva pitoyable.

    « .. Et ma sœur s’est foutue de ma gueule. J’ai pris une fourchette et lui ai planté dans la main. C’était jouissif de voir sa petite tête se déformer à cause de la rage et de la douleur. Je me suis tiré dans la soirée. Et .. J’ai du mal à l’avouer, mais c’était blessant, de voir qu’ils s’en cognaient à un point pas croyable, de moi. Enfin. C’était y’a onze ans, maintenant. C’est lointain. »

    Il soupira, prenant un air profondément ennuyé.

    Après quelques secondes de suspension, il s’étira et garda les yeux semi-clos, dans une attitude presque féline. Il fixa Lisbeth de son regard émeraude, avant qu’un sourire sarcastique apparaisse sur son visage.

    « Maintenant, tu vas me dire qui est Saul ? T’es pas une bonne menteuse, Raven. »

    Gabriel se tut, se murant dans son habituel attitude taciturne. C’était la première fois de sa vie qu’il parlait autant ; à vrai dire ça n’était pas dans sa nature profonde de faire une expo sur sa vie, ni même de parler autant à quelques minutes d’intervalle. Il fixa les immeubles derrière la blonde, et vis que le soleil s’était définitivement couché. Bientôt, dans une vingtaine de minutes tout au plus, il ferait nuit noire, et il serait alors extrêmement dangereux de compter fleurette dans les vieilles ruelles. Bah oui, même un mec peut se faire violer. Il passa sa main dans ses cheveux, avant de commencer à tripoter sa chaîne en argent. Il toucha le pendentif, qui s’avérait être une note de musique. C’était pour cela qu’il avait joué au poker, pour avoir cette merveille. Il ne savait pas d’où l’ancien propriétaire le tenait, mais il était splendide, et vaudrait certainement une petite fortune, s’il se décidait à le vendre au marché noir. Chose qu’il ne ferait jamais, évidement, même pour tout l’or du monde. D’une main rapide, il prit son chapeau pour jouer avec. Il le fit tournoyer, le lançait en l’air avant de le rattraper … Un vrai gamin, quoi.

    Son esprit vagabondait loin de Lisbeth et loin du sol glacé qui lui gelait le cul. Il repensait à sa famille, maintenant que la jeune fille l’avait branché sur le sujet. L’espace d’un instant, il se demanda ce qu’étaient devenus ses parents, et Aisling. Cette dernière approchait la trentaine, et devait être certainement mariée. Il se demanda si elle avait toujours ce caractère sadique et calculateur, digne des serials killers d’Esprit Criminels. Et sa mère ? Le Désaxé n’arrivait pas à l’imaginer ; elle devait avoir désormais la cinquantaine et être ridée comme un vieux pruneau. Il se surprit à ressentir l’étrange besoin de les observer, pour voir comment avait tourné leur vie.
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Isis E. Shredder
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MessageSujet: Re: Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3]   Tu me touches ? Je te bouffe. [Poireau-choo. <3] EmptyDim 22 Aoû - 18:58

Silence. Gabriel semblait mal à l’aise, gêné, comme si mes questions le dérangeaient. Je comprenais bien qu’il pouvait ne pas vouloir évoquer son enfance, si celle-ci avait été dure pour lui, mais je refusais qu’il me monte des bateaux pour ne pas avoir à me raconter. Un simple « désolé, je n’aime pas en parler » m’aurait suffit, une explication franche. Quelque chose qui prouvait qu’il était bien différent de toutes les pourritures qui peuplaient Berlin-Est. Retenant de peu un soupir las, je m’apprêtais à partir, jugeant inutile de rester en la présence de quelqu’un qui me prenait pour la dernière des connes, lorsqu’il reprit la parole d’une voix rauque. Il s’excusait. Ca suffisait à me prouver qu’il était réellement différent. Je tirai sur ma cigarette en l’observant, tandis qu’il reprenait. Gabriel Bowen. Il s’assit, ou plutôt se laissa glisser contre l’un des murets de la plateforme. Il regardait ma cigarette avec envie, comme un drogué en manque, ou un fumeur qui manque de moyen pour se payer ses clopes. Après un soupir, il reprit la parole, m’expliquant qu’il était, comme moi, né dans l’ouest, descendant d’une noble famille de bourgeois. Méprisé par sa mère qui lui préférait sa sœur, dénommée Aisling, il avait été repoussé parce qu’il avait défendu des Désaxés. Je serrai les mâchoires, tenant ma cigarette entre mes doigts. Cette histoire était trop semblable à la mienne. Pendant un moment, il évoqua sa douleur quant à la réaction de sa famille. Cela me tira un sourire amer. Je ne le comprenais que trop bien. Je repris, ignorant son ton sarcastique et sa question :

« C’est le Tyran en personne qui est venu frapper à notre porte, un jour que je revenais d’une manifestation. Il exigeait que ma sœur et moi soyons toutes deux exilées côté est. Quand j’ai su que je serai avec Alice, cette punition m’a parue moins pénible à endurer, plus belle. Près d’elle, il ne pouvait rien m’arriver. Tu sais, nous sommes de vraies jumelles, nées dans le même fœtus et tout. La pire chose que tu puisses faire à des jumelles comme ça, c’est de les séparer de leur moitié. Alors forcément, j’ai recommencé à respirer en comprenant que je serai avec elle. Mais … »

Mon ton se fit amer.

« Mes parents ne l’entendaient pas de cette oreille. Alice, c’était leur dernière chance de sauver le nom et l’honneur de la famille Raven. Ils se sont jetés aux pieds du Tyran, ont pleurniché devant lui, l’ont imploré, supplié, se sont humiliés pour qu’Alice reste avec eux. « Elle n’a pas participé à des manifestations, elle ! », plaidaient-ils. Et Alice et moi, l’oreille collée contre la porte pour entendre la discussion, on se serrait l’une contre l’autre, parce qu’on ne voulait pas être séparées. Parce qu’on ne pouvait pas être séparées. Et pourtant … Ils l’ont gardée avec eux, ils n’ont rien dit quand j’étais exilée. D’un certain point de vue, ils étaient heureux, parce que comme ça, Alice reprendrait la bonne pente, pensaient-ils. Ca fait mal, au fond, de voir qu’ils s’en foutent, de nous. »

Je lui fis un sourire, tout en reprenant :

« Mais bon, ce qui est passé est passé, ça ne sert à rien de se lamenter éternellement là-dessus. Je ne sais pas vraiment où tu peux te trouver de bagues articulées, sinon, mais j’imagine qu’en fouillant un peu dans les magasins punks et gothiques, tu dois facilement t’en dégotter une. Si tu veux, je peux t’emmener dans les quelques boutiques que je fréquente habituellement, c’est pas trop cher en général et comme je suis une bonne cliente, j’ai souvent des réductions de quelques euros. Pas grand-chose, mais sur le long terme, ça fait quelques économies. Je ne suis pas sûre que tu trouves ton bonheur là-bas, mais je veux bien t’aider à chercher, si tu veux. Sinon, j’ai peut-être des gars au PRD qui en vendent, je me renseignerai. »

Des phrases creuses pour meubler. Pour changer de sujet. Je ne voulais pas parler de Saul. Pas à lui, pas comme ça, pas maintenant. Soit il se serait moqué de moi, soit il aurait compati à mon « malheur », et c’était une chose que je détestais. La pitié, c’est bon pour les faibles. Or, pour survivre à Berlin-Est, il ne fallait pas être faible, et je faisais de mon mieux pour rester forte. Je me laissai glisser contre le pied de la rampe, ramenant mes genoux contre ma poitrine. Je passai mes bras autour, appuyant mon menton contre mes jambes. J’avais lâché ma cigarette, qui se consumait tranquillement à quelques centimètres de mon pied. A ce moment là, assise contre le sol froid, serrant les genoux contre moi, je réalisai à quel point ma jambe gauche pouvait être froide. A quel point elle pouvait être dure.
A quel point elle pouvait être morte.
Pleurer sur son sort, c’est une acte de faiblesse.
Je me relevais vivement, passant sûrement pour une grosse tarée incapable de tenir en place. Certes, certes, mais n’était-ce pas ce que j’étais ? Toujours à bouger, comme une pauvre folle. x] Enfonçant les mains dans mes poches, j’écrasais ma cigarette du talon, puis me mit à shooter dans une canette, la faisant rebondir contre le mur auquel était adossé Gabriel.

Je lui fis un sourire.

Je n’avais toujours pas répondu à sa question.
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